31 ans au cœur de l’HFR Tafers

La buanderie de l’HFR Tafers a arrêté définitivement ses machines vendredi 25 octobre. C’est une page de son histoire qui se tourne. Erica Bielmann a vécu une partie de cette histoire au cœur même de l’hôpital où elle a travaillé à la lingerie pendant 31 ans. A l’heure de la retraite, elle raconte un métier difficile qu’elle a beaucoup aimé.

Erica Bielmann a commencé à l’hôpital de Tafers en 1988 comme couturière. C’était encore dans l’ancien bâtiment, elles étaient deux couturières pour faire des draps et des blouses opératoires. Deux ans plus tard, elle coud des kilomètres de rideaux pour le home qui ouvre ses portes. Mais, côté lingerie, avec l’arrivée des nouveaux pensionnaires, le travail s’intensifie et Erica est de plus en plus sollicitée pour donner des coups de mains. Son efficacité ne passe pas inaperçue et lorsque les besoins en couture diminuent (les blouses jetables sont arrivées!), on lui propose de rester à la buanderie à plein temps. Elle accepte, en connaissance de cause pourtant, car le travail est très difficile. En 1990, debout toute la journée, les 12 employés de ce service transportent, lavent, sèchent et plient plus de 800 kg de linge quotidien, celui de l’hôpital – les draps et les uniformes – et celui du home, en plus des vêtements personnels des patients.

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Erica Bielmann dans la buanderie avec Mme Katharina Schafer-Zahno (au milieu) et Mme Olivia Kolly (à gauche)

Une multitude de tâches manuelles

Quasiment tout se fait à la main. Avant le lavage, il faut contrôler chaque pièce et vider les poches. Les taches sont traitées à l’unité, puis on répartit le tout (à la force des bras!) dans les machines. Après lavage, il faut suspendre les habits des patients sur des fils, pièce par pièce, pour un séchage express, puis tout plier et transporter. Parallèlement, il faut s’occuper du séchage des draps à la calandre. Si vous ne savez pas comment ça marche, imaginez les rotatives d’une imprimerie: deux personnes introduisent le drap à plat d’un côté, et deux autres le récupèrent de l’autre côté, sec et repassé, pour le plier. Cette opération prenait une demi-journée pour tous les draps du jour. Et puis, il y a les lits (une fois libérés par les patients) qu’il faut entièrement nettoyer, avec les matelas à déshabiller, laver et rhabiller, comme dans les hôtels (la centrale des lits reste en activité à l’HFR Tafers).

 

Tafers se modernise

En 2000, avec l’ouverture du nouveau bâtiment, les conditions de travail s’améliorent, les nouvelles machines sont plus performantes et Erica devient cheffe adjointe. Désormais, sept collaborateurs (2 hommes et 5 femmes), avec  trois machines et trois séchoirs, entretiennent plus de 162 tonnes de linge par année. Malgré la difficulté, Erica a aimé son métier. « J’aimais le contact avec le personnel soignant et les patients. L’hôpital de Tafers est comme un petit village où tout le monde se connaît. En 31 ans, je n’ai jamais hésité à me lever le matin. Je suis toujours venue travailler avec plaisir », confie-t-elle. Et en ce qui concerne la charge physique, « ma foi, on s’habitue », dit-elle sur le ton de celle qui sait qu’en se plaignant la tâche est encore plus dure. D’ailleurs son corps a été aussi vaillant que son mental. Après toutes ces années à suspendre et porter des milliers de kilos de linge, elle n’a même pas mal au dos !

 

 

« En 31 ans, je n’ai jamais hésité à me lever le matin. Je suis toujours venue travailler avec plaisir »

 

Accompagner la transition

En mars 2019, Erica fêtait ses 31 ans de maison et l’âge de la retraite. Pourtant, pas pressée de s’en aller, elle accepte de continuer à 50% jusqu’à la fin de l’année. En effet, quelques mois plus tôt, elle apprenait avec ses collègues la fermeture programmée de leur buanderie. Ce jour-là, ses larmes ont coulé toute la journée. «Je n’étais pas en colère, explique-t-elle, j’étais juste triste. Mais la Direction nous a si bien soutenus à ce moment-là que j’ai eu envie de rester jusqu’à la fin». En plus de ses tâches, elle participe donc aux séances de travail en vue de l’externalisation et au choix du nouvel assortiment. Avec son expérience, son aide a été précieuse.

 

Une belle aventure humaine

Vendredi dernier, une page s’est tournée et une belle aventure humaine prenait fin. «Nous étions une superbe équipe* qui s’entendait très bien, tient-elle à souligner. Nous avons passé de bons moments, aussi bien au travail qu’en dehors. Je suis heureuse d’avoir pu rester jusqu’au bout et finir ‘comme il faut’ ». Après le déménagement de la buanderie et quelques semaines de congé à prendre, une nouvelle vie va commencer pour elle. « Je pourrai me remettre à la couture. Je vais aussi prendre un cours pour confectionner des santons pour ma crèche de Noël ! Mais mon rêve c’est de reprendre un chien. Maintenant, j’aurai tout mon temps.»

 

*Erica Bielmann tient à citer ses compagnons de longues dates : Jude Paul, Katharina Schafer, Sandra Vonlanthen et Susanne Fuhrer, Bruno Baeriswyl et Marianne Blanchard.