Oncogénétique: «notre travail, déceler les 'fautes de frappe'»

Courons-nous forcément un risque de développer un cancer si un membre de notre famille est atteint ou a été atteint par la maladie? Comment le savoir et comment réagir? Autant de questions auxquelles le Dr Bernard Conrad et son équipe répondent dans le cadre de la consultation d’oncogénétique.

Si les généalogistes remontent les lignées familiales sur le papier, les oncogénéticiens se penchent eux sur l’héritage génétique. Un art qu’exerce le Docteur Bernard Conrad, depuis de nombreuses années, mais depuis le 1er novembre dans le cadre d’une nouvelle consultation qui a pris ses quartiers à l’HFR Tafers.

« Notre métier permet de détecter différentes maladies, mais cette consultation est dédiée au cancer », explique le spécialiste qui travaille aussi bien avec la Clinique de gynécologie et obstétrique qu’avec le Service d’oncologie. « Il faut savoir qu’environ 10% des cancers se développent à partir de prédispositions génétiques, notre travail est de déceler ces 'fautes de frappe' dans les gènes. »

Angelina Jolie, des prédispositions célèbres

En analysant les données génétiques, grâce à une prise de sang, il est ensuite possible de déterminer s’il existe ou non une prédisposition génétique. « Sur cette base, nous pouvons alors discuter des traitements et de l’encadrement possible. » Quand il s’agit d’aborder ces mesures possibles, le cas d’Angelina Jolie est souvent cité. L’actrice a subi une mastectomie, soit l’ablation des seins, pour minimiser les risques de développer un cancer du sein, qui a coûté la vie à sa mère.

« Sa visibilité a eu une incidence positive sur le fait qu’on met en lumière cette problématique. En revanche, il faut savoir que la mastectomie n’est pas la seule option. » Bernard Conrad souligne qu’en détectant très rapidement les risques, des mesures peuvent être prises en amont et éviter la chirurgie préventive. « Il y a aussi la possibilité d’un suivi rapproché, avec notamment la mammographie, moins invasive. » Mais une chose est sûre, dans tous les cas, ce sont les patients qui décident de leur suivi. « Nous sommes là pour les aiguiller et les envoyer vers le spécialiste adapté à leurs besoins. »

L’hérédité n’a pas de genre

Contrairement à une idée reçue, le cancer du sein notamment ne se transmet pas uniquement pas les femmes. « Ce n’est pas lié à la biologie, ainsi une femme peut tout à fait hériter d’un cancer du sein par les gènes issus de son papa. » Chez les hommes, le cancer le plus courant est celui de la prostate, « qui est plus agressif lorsqu'il est héréditaire. »

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