Une carrière de clichés radiographiques

1973 : que faisiez-vous il y a 48 ans ? Daniel Guillet, lui, débutait sa carrière de technicien en radiologie médicale (TRM) au « canto ». En 2021, au moment de quitter l’hôpital fribourgeois, il revient avec émotions sur son parcours.

S’il se dit serein à l’approche de sa retraite, Daniel Guillet glisse tout de même que « ça fera bizarre de se dire qu’après être entré durant 48 ans à l’hôpital par l’entrée du personnel avec mon badge, je devrai à l’avenir passer par la porte principale comme tout le monde ! » Oui, vous avez bien lu, 48 ans à l’hôpital.

Le déclic ? Il l’a eu à 14 ans. « J’accompagnais mon père infirmier lors de ses week-ends de piquet à l’hôpital », se souvient Daniel Guillet, chef TRM du Service de radiologie. Il débute son activité professionnelle en 1973 à l’hôpital cantonal de Fribourg, un an après son ouverture, « il était flambant neuf et tenu principalement par des sœurs ». Et d’ajouter : « tout s’est enchainé très vite, je me suis retrouvé chef à 23 ans. » Il sourit en disant que « comme certains Anglais qui n’ont connu que le Prince Philip, mes collaborateurs, même les plus anciens, n’ont connu que moi comme responsable ! »

Une révolution technologique

Quasiment cinq décennies à radiographier les Fribourgeoises et les Fribourgeois. « D’abord nous développions les films à la main, puis la digitalisation a révolutionné le métier. Le scanner et l’IRM sont apparus, tout comme la radiologie interventionnelle. » Au moment d’évoquer ces évolutions, le sexagénaire n’est pas nostalgique, « je ne suis pas du genre à penser que c’était mieux avant ». Il salue plutôt les progrès : « actuellement, avec quatre à six fois moins de rayons X qu’il y a 40 ans, on obtient des images d’une qualité incomparable ! »

Si, ces dernières années, sa fonction l’a amené à gérer davantage l’administratif qu’à manier les appareils de pointe, il n’oublie pas le cœur du métier, « nous sommes avant tout des soignants ».

Le souvenir le plus…

« Trash » : j’avais oublié de coller la lettre plombée indiquant le côté droit ou gauche d’une radiographie réalisée à la morgue. J’ai dû y retourner et répéter les clichés du patient décédé par balle. Le juge devait connaître la trajectoire de la balle pour déterminer s’il s’agissait d’un suicide ou d’un meurtre.

Célèbre : Joseph Deiss, alors conseiller fédéral, avait été admis aux Urgences sans que personne ne le reconnaisse. Il avait très humblement rejoint notre service pour une radio comme n’importe quel patient. Là, il a immédiatement été reconnu.

Emouvant : j’ai dû aller faire des radios en pédiatrie d’une enfant de 10 ans qui est ensuite décédée et qui se trouvait être la fille d’une médecin présente lors de la radiographie. C’est toujours difficile quand ça touche aux enfants.

Rigolo : une personne qui travaillait à l’HFR a dû se faire hospitaliser et passer des radios. Elle a fait tout ceci en donnant un faux nom, dans l’espoir de ne pas être reconnue des services.